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13 nov. 2019

Observer sa prairie afin de comprendre la situation et prendre les bonnes décisions

Mis à jour : 14 janv. 2021

Diagnostiquer sa prairie n'est pas chose facile si on n'a pas un fil direc­teur d'observation et de réflexion. C'est pourquoi nous vous proposons une démarche qui a pour but d'aboutir à la compré­hension d'une situation et à la prise de bonnes décisions. On peut alors constater qu'il est facile et bien souvent peu coûteux d'améliorer sensiblement ses prairies.

Pourquoi ma prairie est-elle dégradée ?

Au préalable, il faut s'interroger sur les causes possibles de dégrada­tion. La première solution consiste bien sûr à éliminer ces causes qui sont principalement les suivantes : sur­pâturage ou sous-pâturage, fauche trop rase, piétinement en mauvaises conditions, absence de déprimage, fertilisation mal raisonnée, flore mal adaptée à l'objectif, accidents cli­matiques tels qu'une sécheresse, une inondation inhabituelle, un gel exceptionnel et enfin la sénescence simultanée des plantes.

Il convient ensuite d'observer le recouvrement. Même lorsque l'herbe est courte, on ne doit pas voir la terre. Un bon recouvrement est conditionné par le déprimage. C'est en fait un pâturage précoce qui permet aux graminées de taller et de densifier la végétation. Cette notion de densité est essentielle. En effet, le rendement est la résultante à la fois de la densité du couvert et de la hauteur de ce dernier. La densité de la végétation dépend du déprimage et la hauteur du couvert dépend de la fertilisation et des conditions cli­matiques.

Observer le développe­ment du couvert végétal

Il convient également d'apprécier la morphologie du couvert. A-t-il ten­dance à présenter des touffes ou à gazonner ? Dès que la végétation pousse en touffes, les animaux font des refus et surpâturent certains espaces. La productivité et la qualité du fourrage diminuent. Certaines espèces ont tendance à se dévelop­per en touffes telles que la houque laineuse ou les joncs. Un roulage ou un hersage avec une herse à rabot, en conditions peu humides, permet d'aplanir et de scalper les touffes avant la saison de pâturage.

Connaître les espèces présentes et productives

Enfin il faut arpenter la parcelle et observer les espèces naturellement présentes. Lorsque l'on trouve une plante, il y a 3 choses à faire : l'identifier, rechercher sa phytoéco­logie et son intérêt fourrager. Le site www.prairies-gnis.org propose des outils pour identifier les graminées au stade feuillu (non épié).

La phytoécologie est la somme des événements et des circonstances qui vont sélectionner les espèces présentes. Elle est essentielle pour comprendre la situation. Lorsqu'un facteur change, progressivement des plantes régressent puis disparaissent et d'autres espèces appa­raissent. Une situation n'est jamais figée et la nature est évolutive. Il y a 5 principaux facteurs de phytoé­cologie et d'évolution : la situation hydrique, le mode d'exploitation, la fertilisation et le pH ainsi que la pro­fondeur de sol.

Pour estimer la qualité de la flore, il est nécessaire d'arpenter la parcelle et d'apprécier son homogénéité. Une prairie est rarement homogène du fait de la nature du sol et du comportement des animaux. Il faut estimer comment les différentes espèces sont réparties sur la sur­face et si elles sont bien mélangées entre elles ou au contraire disposées en tâches compactes. Un mélange intime des plantes sera plus facile à gérer en menant la parcelle de sorte à favoriser les espèces inté­ressantes.

Un savoir-faire qui s'ap­prend facilement

Sur le site www.prairies-gnis.org une méthodologie plus fine est pro­posée à la rubrique « diagnostic de prairie ». On y trouve un outil d'aide à la décision qui est un damier. Avec 2 clés d'entrée que sont la ­présence des bonnes graminées et légumineuses herbacées d'une part et la présence des plantes dicotylé­dones non fourragères et la mousse d'autre part, on détermine alors les voies d'amélioration possibles pour une situation donnée. Pour estimer les présences, une grille de notation téléchargeable est disponible, de même que le protocole à appliquer.

Diagnostiquer une prairie et prendre les bonnes décisions peut paraître difficile car les causes sont multifac­torielles. Il ne s'agit pas d'une pho­tographie mais d'un film sur lequel on fait un arrêt sur image ! Le sujet exige que l'on pratique souvent des diagnostics afin de mieux estimer les différentes situations.

Bruno Osson, Rosine DEPOIX - Gnis

Avec l'aimable autorisation - Bulletin Alliance Pastorale de Novembre 2019.