Le fil d'ARSEN : explications sur un fil 100 % français transformation 2018-2019
Dernière mise à jour : 19 mai
Voici les explications de notre regroupement d’éleveurs pour la filière laine d'ARSEN, afin que vous compreniez la démarche et le chemin parcouru.
Nettoyage de la laine
Chaque membre nettoie préalablement ses toisons en prévision de la séance de sélection des toisons prévu par ARSEN.
Sélection des toisons
Planifiée par ARSEN, la sélection se déroule de préférence à proximité d’une laverie afin de faciliter son transport. Elle consiste à "inspecter" chaque toison et à valider avec les éleveurs présents autour de la table de tri si une toison sera filée en catégorie 1 ou 2.
Grâce à Mr Laurent Chabrier, nous avons bénéficié d’un site agréable à Saugues (43). Le travail de notre secrétaire, Mr Mathian Jean-Yves, permet une transparence complète sur la transformation de votre laine grâce à une fiche individuelle qui détaille le poids et le prix par catégories et par étape. Le travail du bureau et des membres associés à diverses compétences se complètent. Merci à chacun !
Ce tri est un peu contraignant mais reste une étape incontournable afin de pouvoir sortir des lots homogènes en qualité I et II dans chaque couleur, en finesse et dans une longueur comprise entre 7 et 13 cm
C’est l’occasion d’échanger nos expériences, de voir différentes qualités de toisons, d'apprendre et de comprendre l’impact de tel ou tel critère de tri sur la qualité du produit final. La participation de tous est vraiment souhaitée. Ce sont des moments privilégiés de partage et de convivialité entre éleveurs dans un gîte, lors des repas et bien sûr durant le tri !
Le lavage
Un bon lavage est très important pour que la filature accepte de faire la suite. Il reste très peu de structures en France capable de laver à façon. Ces filières sont indispensables mais fragiles, si les éleveurs ne les soutiennent pas, ils verront leurs toisons partir à l’autre bout du monde.
Aujourd’hui, notre association travaille avec la filature Laurent au lavage du Gévaudan, à Saugues (43) qui a déjà plus d’un siècle de savoir-faire (4ème génération) de père en fils, fondée en 1898. Cette filature a obtenu un ECOCERT certificat pour son lavage bio. Ils sont équipés de plusieurs bacs de lavage.
Une fois lavées, les toisons resteront au repos 2 à 3 mois pour atténuer l’électricité statique dans l’atelier de la filature.
Le cardage
Il consiste à démêler les mèches de laine issue du lavage en la faisant passer dans des cylindres successifs. Cela permet d’orienter les fibres : parallélisation et étirage. Les fibres courtes restent présentes, ce sont elles qui seront à l’origine des boulochages et des poils que vous aurez sur les genoux en tricotant ou sur vos vêtements. Des débris végétaux peuvent également rester dans ce premier ruban.
Le peignage
C'est une étape supplémentaire mais très importante pour la fibre d’alpaga "pour les fibres fines". Après cardage et parallélisation, le peignage permet d’éliminer les fibres trop courtes et les impuretés résiduelles présentes dans le ruban de carde. Ce passage s’impose pour obtenir un fil régulier et lisse qui ne boulochera pas !
Ces deux étapes (cardage et peignage) sont répétées 3 fois pour obtenir un ruban cardé et peigné, primordial pour l’obtention d’un fil de qualité. Cette transformation est réalisée par un homme passionné : Mr Bronner, Peignage et filature de Mohair (68).
La solidité du fil dépendra du nombre de fibres dans la section du ruban, de la longueur des fibres et de la structure superficielle. Si le tri est négligé, un lot manquant de finesse ne permettra pas à la filature de sortir un fil 100% alpaga par manque de solidité.
C’est pour cette raison que nous souhaitons également valoriser les toisons de qualité 2 en mélangeant à 17% minimum avec une belle laine de mouton
[pour rappel, ici le terme "qualité 2" ne veut pas dire laine du cou et haut des pattes comme on a l'habitude de répartir les qualités sur l'animal (voir l'article https://www.alpagaarsen.fr/post/tonte-et-conservation-des-toisons), mais bel et bien laine dite de première qualité (dos et flancs) la couverture dont le micronnage ne permet pas de retenir le lot (estimé supérieur à 24), toison non uniforme, présence de poil de garde sur toute la toison malgré un micronnage intéressant, ...etc.]
Le filage
Le fil continu devra présenter les caractéristiques suivantes :
Solidité (qui dépendra du nombre de fibres dans la section du ruban, de la longueur des fibres et de sa structure),
Elasticité obtenue par le caractère de la fibre (le crimp),
Régularité,
La torsion sur elle-même de la mèche ainsi effectuée autour de son axe qui lui donne cohésion et solidité,
Assemblage de deux ou plusieurs fils sont des fils retords. Ce sont les plus solides,
Mise en cônes
Cette transformation est réalisée par les Ets Albouy (81).
Points positifs de l'expérience 2018-2019 :
Produit 100% français
Produit 100% alpaga en France sur un petit diamètre de fil grâce à la qualité de vos toisons et à la rigueur du tri !
Produit utilisable pour une haute gamme de vêtements
Valorisation des 2 catégories de laine
La "perte" est restituée pour divers usages (rembourrage, feutrage, filage à la main...)
Traçabilité
Pas de produits chimiques, aucun adoucissant pour améliorer la douceur au toucher.
La tarification des transformateurs est sur le produit sortant.
Un prix extrêmement compétitif.
Points négatifs de l'expérience 2018-2019 :
Il faut un minimum de 100 kg par couleur. Le manque de quantité réduit les perspectives dans les couleurs et les variétés de fils,
La "perte" reste importante,
Le coût du transport par rapport au chemin parcouru de notre laine,
Le délai de transformation est de 6 mois min, mais reste correct,
Nous avons besoin d’un autre transformateur pour le travail de la mise en pelotes. (lavage, vaporisation, mise en pelotes..).
En résumé
La qualité I comme la qualité II ont été à la hauteur de nos espérances.
QI : Titrage : 3X6, soit 6m pour 1 gramme ou 6000/kg et 3 fils retordus.
QII : Titrage : 2X8, soit 8m pour 1 gramme ou 8000/kg et 2 fils retordus.
Le diamètre de la qualité I a été choisi pour pouvoir le tricoter à la main soit en simple ou en double et pour être aussi tricoté à la machine sur une jauge répandue.
Le diamètre de la qualité II a été choisi pour pouvoir obtenir un fil à chaussette correct et un tissage pas trop épais.
Les défis à relever
Pour lancer une production française, il a fallu mettre en place toutes les étapes du traitement des toisons, rechercher des transformateurs qui acceptent l’alpaga pour sa particularité. Nous avons une laine sèche plus difficile à travailler et peu de quantité. La lourde charge était aussi de trouver des filatures travaillant dans le respect de nos toisons et le souci de la qualité finale afin d’obtenir un produit de qualité. Travailler en étroite collaboration avec ces spécialistes qui doivent trouver les meilleurs réglages et compromis.
Il faut se dire que rien n’est acquis à chacune de ces étapes et qu’un problème peut se produire. Mr Bronner nous a fait remarquer qu’il travaillait avec une matière vivante...
Toutes les initiatives dans la filière laine sont des essais, afin de trouver le produit idéal ! Le programme de transformation est très complexe et demande beaucoup de recherches. Il est envisageable et souhaitable d’agir ensemble sans se disperser pour pouvoir avancer. Des choix doivent être faits et nous souhaitons les faire avec vous, partager vos connaissances et vos expériences dans l'objectif de valoriser ce trésor que nos alpagas nous offre !
Merci aux éleveurs et propriétaires qui ont vécu l'expérience et bienvenue à tout ceux qui veulent nous rejoindre dans cette formidable aventure d'une filière alpaga 100 % naturelle, et 100 % française !
ARSEN poursuit ses recherches
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